On en parle peu, ou à demi-mot entre deux confidences de grossesse. Et pourtant, la rééducation du périnée concerne une immense majorité des femmes après leur accouchement. Bien plus qu’une formalité médicale ou qu’une série d’exercices à enchaîner, cette étape-clé du post-partum se trouve à la croisée du soin physique et de la reconnexion à soi. Manuelle ou assistée d'une sonde, le bon choix est celui qui respecte votre corps, vos sensations et votre rythme. Parce qu’un périnée bien accompagné, c’est aussi une féminité plus confiante.
SOMMAIRE :
- Le périnée après l’accouchement : ce qu’il faut savoir
- Les deux grandes méthodes de rééducation périnéale
- Comment savoir quelle méthode vous convient ?
- Questions fréquentes (et sans tabou) sur la rééducation périnéale
Le périnée après l’accouchement : ce qu’il faut savoir
Invisible et souvent méconnu, le périnée joue pourtant un rôle central. Ses muscles, soutiennent les organes pelviens et assurent la continence, tout en accompagnant le plaisir sexuel… Autant dire que les femmes ont tout intérêt à se renseigner à son sujet.
À quoi sert le périnée ? Petit rappel anatomique
Le périnée, aussi appelé plancher pelvien, est un ensemble de muscles et de tissus situés entre le pubis et le coccyx. Il soutient les organes du bas-ventre (vessie, utérus, rectum) et joue un rôle clé dans le contrôle urinaire, la stabilité du bassin et la qualité des rapports sexuels. En effet, lorsqu’il est tonique, le périnée intensifie les sensations lors des rapports en resserrant naturellement le contact entre les deux partenaires. Autant dire donc, qu’il est essentiel au quotidien… même si on le découvre souvent à l’occasion de la maternité.
Ce qui peut le fragiliser
Pendant la grossesse, le périnée est mis à rude épreuve : il porte le poids du bébé, du liquide amniotique, du placenta… et ce, jusqu’à l’accouchement, notamment par voie basse, lequel peut provoquer un étirement important, voire des micro-déchirures ou un relâchement. Toutefois, au cours de la vie, d’autres facteurs, plus discrets, peuvent contribuer à le fragiliser :
- une constipation chronique,
- certains sports à fort impact (course à pied, trampoline…),
- le port régulier de charges lourdes,
- ou encore des toux prolongées et répétées.
Quand envisager une rééducation du périnée ?
En France, une rééducation périnéale est systématiquement proposée aux nouvelles mamans, en général 6 à 8 semaines après l’accouchement, qu’il ait eu lieu par voie basse ou par césarienne. Elle est prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie, sur prescription. Toutefois, certains signes ou certaines sensations doivent vous inviter à consulter :
- des fuites urinaires à l’effort, en cas de toux ou de fou rire,
- une sensation de lourdeur dans le bas-ventre,
- une diminution des sensations sexuelles,
- ou une impression de relâchement musculaire.
💡 Bon à savoir : même sans symptômes apparents, vous pouvez demander une vérification à votre sage-femme ou à un kinésithérapeute spécialisé.
Les deux grandes méthodes de rééducation périnéale
Vous vous reconnaissez dans les symptômes cités ou vous attendez un bébé et vous voulez savoir ce qui vous attend après ? La rééducation du périnée est un travail progressif qui vise autant la tonicité que la conscience corporelle. Selon les besoins, elle vous est proposée sous deux formes principales qui peuvent aussi se compléter : manuelle ou assistée par sonde.
La rééducation manuelle
C’est la méthode souvent proposée en première intention. Plusieurs séances délivrées par une sage-femme ou un kinésithérapeute, vous apprennent quels muscles contracter et relâcher de manière volontaire.
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L’objectif ? Mieux ressentir vos muscles, retrouver le contrôle et restaurer la tonicité grâce à des entraînements réalisés en position allongée ou assise et guidés par la voix, ou grâce au toucher vaginal.
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Pour qui ? Cette approche est idéale si vous souhaitez avancer en douceur et être à l’écoute de votre corps. Elle favorise aussi la respiration, le travail de la posture et la coordination globale du plancher pelvien.
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Les plus : aucun matériel nécessaire, apprentissage sensoriel et prise de conscience autonome du corps et de sa sensibilité.
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Les limites : demande plus d’implication personnelle pour une progression parfois plus lente.
La rééducation par sonde
Ici, une sonde périnéale est insérée dans le vagin, reliée à un appareil de biofeedback (qui capte et affiche les contractions sur un écran) ou d’électrostimulation. Chez Perifit, ils ont même couplé rééducation et jeu vidéo interactif, pour le côté ludique et pour rester plus facilement motivée !
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L’objectif ? Voir ou recevoir un signal physique pour renforcer votre périnée, en particulier si les contractions volontaires sont difficiles. Avec le biofeedback, vous visualisez vos efforts pour plus de motivation. Avec l’électrostimulation, les contractions sont provoquées automatiquement pour « réveiller » les muscles.
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Pour qui ? Cette méthode est souvent proposée aux femmes qui rencontrent des difficultés à ressentir ou initier une contraction, ou en cas de périnée très relâché, par exemple après plusieurs grossesses.
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Les plus : utile en cas de faiblesse musculaire importante et parfois plus rapide en gain de tonicité.
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Les limites : moins centré sur le ressenti et nécessite un équipement que certaines femmes peuvent être réticentes à utiliser.
🩷 En complément de la rééducation pratiquée avec votre médecin, à la maison vous pouvez réaliser des séries de contractions du périnée quand vous êtes installée à table ou à votre bureau, des étirements, des abdominaux hypopressifs (travail accentué par le vide d’air), profiter des bienfaits de certaines postures de yoga (Supta Baddha Konasana, Balasana ou encore Setu Bandhasana) ou découvrir les Pilates. N’hésitez pas à poser la question à votre médecin qui saura vous présenter au mieux, ces alternatives.
Choisir une sage-femme ou un kinésithérapeute : l’importance du bon accompagnement
Les sages-femmes comme les kinésithérapeutes peuvent accompagner votre récupération périnéale, à condition d’être formés. Vous ressentez le besoin d’un suivi global ou plus émotionnel, ou vous êtes en post-partum ? La sage-femme offre un cadre plus centré sur la maternité. Vous cherchez plutôt un encadrement technique ou en lien avec d’autres troubles musculo-squelettiques (lombalgies, instabilités, etc.) ? Un kiné spécialisé peut être une excellente option.
Dans tous les cas, faites confiance à votre ressenti. Une bonne rééducation commence toujours par une relation de confiance.
Apprendre à connaître son corps pour en prendre soin

Au-delà de la méthode choisie, l’éducation périnéale joue un rôle fondamental en amont. Comprendre le fonctionnement du corps, savoir quand et comment contracter les bons muscles, apprendre à respirer en conscience et à prendre de bonnes postures… Autant d’éléments qui renforcent l’efficacité de la rééducation et préviennent les récidives.
Comment savoir quelle méthode vous convient ?
Pour choisir, l’avis du professionnel de santé est votre meilleur repère, car il saura évaluer la santé de votre périnée ainsi que vos besoins selon votre histoire personnelle.
Mais, au-delà du protocole et de la meilleure approche médicale pour votre corps, votre ressenti a toute sa place. Actrice de votre rééducation ou 100 % accompagnée, la bonne méthode est celle qui ne vous procure aucun stress et respecte votre rythme. Aussi, alterner ou combiner est tout à fait possible.
Enfin, comme pour toute démarche de soin, le lien de confiance avec votre praticien est central ; parce qu’il s’agit d’une zone intime et parce que vous avez déjà été sollicitée tout au long de votre grossesse. Vous devez vous sentir libre de poser vos questions, d’exprimer vos doutes, et de vous opposer aux exercices s’ils vous mettent mal à l’aise.
Questions fréquentes (et sans tabou) sur la rééducation périnéale
🩺 Est-ce que la sonde fait mal ?
Non, la sonde est généralement bien tolérée. Elle est fine, souple, et son utilisation est guidée avec douceur. Si une gêne apparaît, elle peut être ajustée ou remplacée par une autre méthode.
🙈 Est-ce que c’est gênant, la rééducation ?
C’est une zone intime, mais les professionnels sont formés pour vous accompagner avec respect. Aussi, la gêne s’estompe souvent après les premières minutes, surtout si vous êtes en confiance.
🍼 Et si je n’allaite pas, est-ce que ça change quelque chose ?
Non. La rééducation est recommandée à toutes les femmes après un accouchement, allaitement ou non. Elle agit sur les muscles, indépendamment de l’alimentation de bébé.
👶 Est-ce que cela concerne uniquement les accouchements par voie basse ?
Non. Même après une césarienne, le périnée peut avoir été sursollicité pendant la grossesse, il mérite donc d’être évalué.
💧 Est-ce vraiment utile si je n’ai pas de fuites ?
Oui ! L’absence de fuites ne veut pas dire que tout est parfait. Une rééducation permet de prévenir d’éventuels troubles et de retrouver une bonne tonicité globale.
🧘 Comment se déroule une séance de rééducation du périnée ?
Elle dure environ 30 minutes. Selon la méthode choisie, elle peut inclure des exercices manuels, des contractions guidées ou l’utilisation d’une sonde. Tout est expliqué et adapté à votre confort.
🚫 Y a-t-il des contre-indications ?
La rééducation périnéale est généralement douce et bien tolérée. Mais, en cas d’infection, de douleurs pelviennes inexpliquées ou de condition neurologique particulière, il est indispensable d’avoir un avis médical avant de débuter. L’objectif reste toujours celui d'un soin personnalisé, adapté à votre santé globale.
Et si on changeait de regard sur la rééducation du périnée ?
Trop souvent vécue comme une formalité médicale ou une corvée, le soin apporté au plancher pelvien peut aussi être vu comme un moment de reconnexion à soi. L’occasion de réhabiter son corps après la grossesse, d’un soin profond, loin de toute injonction.
Votre corps mérite du temps, de l’écoute et du respect. Aussi, quelle que soit la méthode, le plus important est d’être accompagnée avec bienveillance.
Et après ? La rééducation périnéale à la ménopause
Si elle est souvent évoquée après un accouchement, la rééducation du périnée peut aussi être proposée plus tard, notamment au moment de la ménopause. Avec la baisse hormonale, le périnée peut se relâcher. Des séances ciblées permettent alors de retrouver tonicité et confort, à tout âge.